* by courtesy of C. Chevet

Le suspens a encore été insoutenable ce soir avec ce Super-Combiné.

La première manche met naturellement en avant les bons descendeurs et notamment les médaillés de la semaine dernière qui confirment:

- Defago (4e)

- Svindal (1er) avec un passage exceptionnel mêlant puissance et finesse

- Miller (7e)

Mais aussi Janka (3e), Olsson, Innerhofer, Fill et… un certain Paris (2e avec le #29), jeune italien qu’il faudra suivre de près dans les années à venir.

Pour les purs slalomeurs, vue la technicité de la piste, il était plus dur de limiter les dégats. Julien Lizeroux est l’un de ceux qui en souffrent le plus en ne terminant pas dans les 30.

D’autres favoris se placent plus ou moins bien autour de la 10e place: Zurbriggen (6e à +0,73”), Kostelic (9 à +1,05”), Raich (12e à +1,55”), Ligety est un peu plus loin (un peu trop ?).

Tous semblent compétitifs pour le podium.

Ligety sort alors une superbe manche de slalom, avec une vélocité impressionnante qui fait penser à sa performance de Turin en 2006. Mais son final est un peu “just”, en limite d’équilibre sur une porte (pas celle de la photo bien évidemment).

Raich part bien mais, sachant qu’il doit tout donner pour figurer sur le podium, commet une faute qui ruine ses espoirs.

Kostelic,  très bas sur tous les appuis, main par terre à chaque virage, produit un très belle manche également et reconduit ainsi sa perf. de Turin (déjà l’Argent).

Miller qui est décidément parfaitement préparé pour ces Jeux s’empare de la tête.

Zurbriggen contrôle bien son slalom sans s’enflammer et obtiens un Bronze bien mérité vus ses états de service.

Janka n’était pas assez fort en slalom pour lutter contre ceux là et obtenir mieux que la 4e place.

Les purs descendeurs sortent presque tous sur ce tracé difficile, très serré par endroits et changeant constamment de rythme: Sporn, Innerhofer, Olsson, Defago, Paris.

Enfin Svindal, un peu à la manière de Lindey Vonn Jeudi dernier, est contraint de prendre tous les risques dans la seule discipline où il n’excelle pas, ce qui le pousse à la faute.

Miller / Kostelic / Zurbriggen: c’est un beau podium de polyvalents, en partie prévisible, et qui fait marquer 1 ou 2 points à plusieurs parieurs. Tout le monde sais que je n’ai jamais particulièrement apprécié Miller, habituellement d’un niveau technique très moyen et capable de cabrioles invraisemblables et incontrôlées. Pourtant aujourd’hui, à Vancouver, je reconnais qu’il a acquis un ski propre, bien posé, bien placé, efficace… c’est du beau travail et, pour cette raison, ça fait plaisir de le voir en Or. Bob avait misé sur lui en DH et SG, il aurait pris le large au concours de pronostics si il avait osé aussi le Combiné. Nous sommes maintenant tous les deux au coude à coude à 4 courses de la fin.

Quelques images du Super-G d’hier sur un tracé encore très difficile, favorisant l’instinct, et donc plutôt sélectif… et bravo à ceux qui avaient presque prévu le podium.

Il n’était pas facile de penser à Tina Maze mais c’est néanmoins mérité pour cette skieuse qui poursuit une belle carrière, avec tout de même 19 podiums et 8 victoires en Coupe du Monde ainsi qu’un podium l’an dernier à Val (Géant).

Plus médiatique, Lindsey Vonn a été égale à elle même bien que ce soit presque décevant de sa part de n’être “qu’en” Bronze.

Fischbacher, enfin, redonne des couleurs à l’ÖSV, qui n’est malheureusement plus la Wundermanschaft d’antant…

A première vue le tracé de ce Super-G ne payait pas de mine mais en fait il comportait beaucoup de pièges (courbes à déclencher en aveugle, etc…) et il fallait être parfaitement à l’heure sur les trajectoires pour ne pas sortir.

Presque tous les premiers en font les frais sauf Weibrecht, l’illustre inconnu de ces Jeux, 18e du classement mondial de la discipline et dont le meilleur résultat en Coupe du Monde était une 10e place à Vail en Descente.

Ensuite il faut attendre les ténors pour voir son temps être caressé à quelques centièmes. Seul Miller, qui aura donc réussi ses Jeux, parvient à le coiffer pour 0,03”.

Les perdants du jour: Raich, Janka, Walchhofer et Cuche.

Svindal, en revanche, est au rendez-vous et fait un passage clairement au dessus de la mêlée. Il permet à la Norvège de conserver le titre déjà remporté trois fois par Kjetil Andre Aamodt (1994, 2002 et 2006), c’est génial.

Nous étions nombreux à avoir parié sur lui malgré une saison plutôt “calme”, mais seul Bob avait osé Miller. Il prend donc la tête du classement provisoire. Notons aussi la chute spectaculaire du vétéran Patrick Jaerbyn, qui se termine plutôt bien finalement.

Quelques images supplémentaires du Combiné Dames, notamment celles du Slalom qui n’étaient pas dispo lorsque j’ai publié le premier message. J’aime bien celles où l’on voit le désarrois de Vonn qui arrive en bas la piste après sa chute, au moment où les trois autres lèvent les bras.

Je ne veux surtout pas minimiser la performance de Maria Riesch (Or) qui a cette fois maîtrisé cette Descente décidément très ardue, à quelques dixièmes seulement de Lindsey Vonn, puis géré la pression en sortant une grosse manche de slalom.

Encore moins celle de Julia Mancuso (Argent) qui confirme sa polyvalence et sa préparation exemplaire pour ces Jeux après quelques années de galère.

Mais pour moi c’est avant tout Anja Paerson (Bronze) qui rentre ce soir dans la légende du Ski Alpin. Sa chute d’hier aurait pu l’empêcher de skier pour toujours et rapidement elle a été annoncée “forfait” pour le Super Combiné. On a bien failli chambouler tous nos pronostics mais c’était sans compter sur une combativité hors normes, une réelle soif de gagner et de ne quitter Vancouver qu’avec au moins une médaille autour du cou. Elle avait déjà l’un des plus beau palmarès de tous les temps, mais avec ça elle devient une vraie figure… comme Herminator en 98.

Ca aurait pu être aussi un autre jour pour Lindsey Vonn, qui devait néanmoins attaquer fort pour ne pas se faire lâcher au slalom. C’était forcément tangent et ça l’a probablement poussé à la faute.

A noter aussi aujourd’hui la présence au pied du podium de K. Zettel, T. Maze et S. Zahrobska… à qui la piste de Descente laissait peu de chance pour contenir l’écart dans des proportions rattrapables en slalom. On les reverra la semaine prochaine c’est certain.

Enfin, j’ajoute que MMA m’inspire confiance pour le Super-G. Elle a fait une Descente honorable et bien limité la casse en Slalom. De plus il me semble qu’elle a un bon état d’esprit à l’approche de l’échéance qui est la sienne (ce sera Samedi).

C’est un peu spécial de rédiger ce commentaire ce soir car la chute d’Anja Paerson a très durement marqué la fin de la course. Même si on peut espérer que ce ne soit pas trop grave puisqu’on l’a vue marcher par elle même quelques minutes plus tard, c’était un vol très très impressionnant que l’on peut comparer à celui d’Hermann à Nagano en 1998. Au moment

où j’écris on ne sait pas si elle pourra participer aux épreuves suivantes. Ce serait évidement très dommage de déplorer l’absence de cette immense championne, qui était sur le point de monter sur le podium juste derrière Lindsey Vonn mais il vaut mieux ça que des conséquences plus dramatiques qu’aurait pu provoquer un telle chute.

En ce qui me concerne: par respect pour son talent, son travail et son palmarès, quoi qu’il advienne, je ne modifierai pas mes pronostics.

La piste de Whistler était à mon avis beaucoup plus difficile que celle de la Descente Hommes. Plus tournante, plus technique, beaucoup de petits mouvements de terrains et de “vagues” à absorber. Les conditions étaient idéales: ciel bleu et neige glacée.

Avec le dossard #5 c’est Elisabeth Görgl qui plante le décor en sortant une grosse manche, très engagée, très puissante et très impressionnante sur les sorties de saut. A 29ans et après une carrière souvent dans l’ombre des géantes autrichiennes Dorfmeister et Meissnitzer, ce Bronze est une belle récompense à des années de persévérance.

Dossard #10, Julia Mancuso, que l’on avait peu vue depuis les JO de Turin (à part en tenue légère pour les pubs Lange), crée la surprise en prenant alors la tête. Elle était légitime dans les pronostics à cette époque mais aujourd’hui elle n’était même pas parmi les outsiders possibles. Cela dit elle a dompté la piste avec beaucoup de finesse et sa médaille est donc bien méritée.

Mais la classe absolue aujourd’hui, c’est Lindsey Vonn. Elle était favorite et déjà sur un piédestal médiatique avant même le début des Jeux et elle a été au rendez-vous: course parfaite, maîtrise totale du terrain, des trajectoires et de la glisse. Elle est en Or et c’est normal.

La petite déception c’est Maria Riesch que plusieurs d’entre nous avaient mis dans leur pari et qui ne termine que 8e. Mais je ne peux pas m’empêcher de penser que l’interruption de course due à la chute de Paerson l’ait affectée. Même avec un mental comme le sien, lorsque l’on part juste derrière un tel monument et qu’il y a visiblement un soucis, je pense qu’il est difficile de se lâcher totalement.

Juste quelques mots vite fait à l’issue de cette Descente d’anthologie et extrêmement disputée puisque les trois premiers terminent dans 9” de seconde:

- tout d’abord on sera tous d’accord pour dire que les organisateurs ont bien fait de repousser l’épreuve de quelques jours car là les conditions de visibilité et de neige on vraiment été équitables de bout en bout

- avec le dossard #3, David Poisson fait une très belle perf.: c’est le premier à vraiment dominer la piste et à tirer des lignes propres de haut en bas. Malheureusement cela ne pouvait pas suffire vue la concurrence

- une fois n’est pas coutume, je rend hommage à Bode Miller qui signe à mon avis une des plus belles Descente de sa carrière. Pour une fois pas de cabrioles et de positions abracadabrantesques mais des trajectoires fluides et des sauts bien maîtrisés… ça paye et c’est normal

- Svindal, que bien peu attendaient ici après une saison en demi-teinte, a été le premier à le bousculer en grappillant les centièmes uns à uns, petit à petit, “presque tranquillement”, sur le bas du parcours

- c’est d’ailleurs sur le bas que Walchhofer a perdu la course alors qu’il avait été exceptionnel en haut

- Defago réalise alors la course quasi parfaite et ça fait vraiment plaisir de voir ce type de talent trop souvent malchanceux dans le passé. On ne pouvait pas le classer dans les favoris mais c’était l’un des outsiders sérieux. Personnellement j’ai eu des doutes sur sa capacité à tenir la pression, il a prouvé le contraire

- c’est chouette pour l’équipe de Suisse car Cuche et Janka ont un peu failli vu ce que l’on attendait d’eux. C’est surtout une grosse déception pour Didier mais les jeux ne sont pas finis…

- grosse déception aussi pour les canadiens. Osborne avait une carte à joeur mais je pense qu’il a été un peu surpasser par les évènements. Ce soir il me fait un peu penser à Rocca au slalom de Turin

Je publierai d’autres images demain si j’en trouve car il y en a peu pour l’instant sur les sites.

Au jeu des pronostics deux hommes se détachent:

- Bob qui avait misé sur Miller

- et votre serviteur qui avait bien senti Svindal

Je mets ici une copie d’écran parce que sinon personne ne va encore me croire. Ce soir, à la veille des premières épreuves et pendant qu’il est encore temps de modifier mes pronostics, je cherchais des infos sur l’état de forme de Lindsey Vonn, soit disant incertaine à cause d’une douleur au tibia. Et voila le résultat de la recherche dans “google actualités”: un pauvre article du nouvel obs qui ne dit rien et…

… des photos/videos de la “miss” en maillot de bain: on croit rêver. Ou alors j’ai loupé une modification du règlement qui s’alignerait maintenant sur la natation en interdisant les combinaisons intégrales ? La couverture du magazine semble pourtant prouver le contraire. Quoi qu’il en soit, en bon journaliste, j’en conclu qu’elle va bien et qu’elle sera la Star de ces jeux… et avec ça au moins je suis sûr que mon blog aura de l’audience.

Et voici maintenant le tout dernier billet pour donner quelques infos générales supplémentaires sur ce raid mythique, brillamment bouclé en cinq jours:

- Distance parcourue: environ 72km

- Dénivelée positive totale: 5682m

- Dénivelée négative totale: 7260m

- Temps total: 32h07min

Pour info, le dernier record a été établi en 2008 par Stéphane Brosse et Lionel Bonnel en 21h11min, de l’Eglise de Cham à l’Eglise de Zermatt… sans taxi.

Plus modestement, le graphique ci-dessous donne le profil de notre parcours à nous. Deux précisions utiles:

- en abscisse il s’agit du temps et non de la distance, donc la pente de la courbe donne une info sur la vitesse de montée ou de descente mais pas sur le terrain.

- ce sont les données enregistrées par mon altimètre, il peut donc y avoir des petites différences par rapport à la réalité (dans tous les billets précédents, j’ai indiqué les altitudes relevées sur les cartes).

Pour ceux qui souhaitent triturer les chiffres, le petit lien bleu en dessous permet de charger le fichier excell contenant toutes les données enregistrées par ma montre.

ChamZermattData 

Voila, voila, il est donc temps de conclure, tout d’abord en remerciant le guide pour cette belle semaine, optimisée grâce à son expertise et son professionnalisme… et puis toute l’équipe qui a bien assuré à la montée comme à la descente, même dans les situations un peu plus délicates.

En ce qui me concerne je ne pouvais pas rêver plus belle conclusion à cette saison historique sur le plan des performances. En particulier, la descente sur Zermatt le tout dernier jour restera dans les annales.

J’en profite, comme chaque année, pour remercier tous mes partenaires de ski de cette saison  ainsi que les quelques lecteurs non-skieurs… et je vous donne rendez-vous à l’année prochaine, dès que les conditions le permettrons. D’ici là, gardez la forme car pour battre le nouveau record il va maintenant me falloir une équipe de costauds… j’en ai encore vu (photo) qui se laissaient un peu aller alors que la neige n’a même pas fondu, ça ne pourra pas dûrer !!!

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Départ: 06h00 – Cabane des Vignettes (3160m)

- Col de l’Evêque @ 07h35 (3395m)

- Col du Mont Brulé @ 09h12 (3213m)

- Col de Valpelline @ 11h10 (3557m)

Arrivée: 13h39 – Furi (Téléphérique)(1867m)

Montée: 1165m @ 300m/h

Descente: 2435 @ 900m/h

Météo: Très grand beau, doux

Carte: Swisstopo n°1347 “Matterhorn” + n°1348 “Zermatt”

Pour ceux qui ont suivi, en arrivant le soir précédent “aux Vignettes” nous nous sommes recalés sur le plan initial. A partir de là Jo avait alors prévu deux possibilités: filer directement à Zermatt et terminer en cinq jours, ou monter au spectaculaire et aérien refuge “Bertol” et rentrer le lendemain (6e jour – voir carte).

Une fois de plus c’est la météo qui décide: le grand beau est garanti pour Jeudi 7 Mai et incertain dès la mi-journée le Vendredi 8. Mieux vaut donc s’assurer la belle descente sur Zermatt sous le soleil: nous rentrons !!!

Il y a du monde dans la cabane aujourd’hui, Jo met donc un peu la pression (excusez ce jeu de mot lamentable) pour que nous décollions les premiers. A 6h00, tout le monde est au rendez-vous… alors que le petit déj. incitait plutôt à trainer (crêpes + nutella).

Nous commençons par une descente en direction du glacier d’Otemma et du col de Charmotane. Le levé du jour est splendide.

La première ascension, au col de l’Evêque, est plutôt cool. Il fait frais, le vent s’est calmé, on est pas mal.

Derrière le col de l’Evêque (3395m), nous descendons en direction du Haut-glacier d’Arolla en contournant “la Vièrge” (3232m) pour finir au pied du Mont Brulé (sommet à 3538m). La neige est soufflée et compacte mais agréable à skier.

Nous remontons alors quasiment à plat tout au fond de ce glacier, jusqu’à nous heurter à un mur (45° env.) qu’il faut grimper pour accéder au col du Mont Brulé.

Nous mettons les skis sur le dos mais les crampons sont inutiles car il y des marches bien marquées. La neige porte bien, ça passe sans “châler” (terme suisse pour dire “s’enfoncer jusqu’à la taille”). Lorsque la neige est plus molle, il est possible de monter à ski moyennant 28 conversions.

Du col on voit déjà la Dent d’Herens (4171m, tout à droite sur la photo) mais pas encore le Cervin.

Vient alors une courte descente (en fait une longue trace directe) vers le Haut-glacier de Tsa de Tsan (Le toponyme dérive du mot patois Tsa, indiquant le dernier alpage avant la limite des glacier, dans notre cas il indique le « dernier des derniers »: j’ai jugé cette précision utile pour ceux qui se mettaient déjà à imaginer un éventuel rapport avec un empereur chinois de je ne sais quelle dynastie). Puis c’est notre toute dernière ascension jusqu’au troisième col du jour: le col de Valpelline (3557m). C’est long mais très régulier et facile.

Là, enfin, le Cervin apparaît dans toute sa splendeur entouré de tous les “4000” du secteur (sauf le Mont-Rose, masqué).  Toutes les conditions sont réunies pour une descente d’anthologie.

La neige est bien entendu un peu soufflée sur le haut mais bonne à skier. Plus bas c’est transformé mais nous passons  pil poil à la bonne heure, au moment où elle revient doucement sous le soleil… un régal. D’après Jo, les conditions sont exceptionnelles cette année car les grosses crevasses sont comblées. Habituellement il faut les éviter en tirant loin à gauche, aujourd’hui nous prenons une ligne presque directe.

Face à nous c’est d’abord le versant Est du Cervin et l’arrête de Zmutt (à gauche).

Plus bas nous passons au pied de la face Nord (avec l’arrête du Hörnli à gauche). Le sommet, où j’étais avec Titus le 6 Août 2007, nous domine de plus de 2000m.

Après 1700m de descente et seulement quelques mètres à pieds, nous atteignons le téléphérique de Furi qui nous amène à Zermatt.