Et voici maintenant le tout dernier billet pour donner quelques infos générales supplémentaires sur ce raid mythique, brillamment bouclé en cinq jours:

- Distance parcourue: environ 72km

- Dénivelée positive totale: 5682m

- Dénivelée négative totale: 7260m

- Temps total: 32h07min

Pour info, le dernier record a été établi en 2008 par Stéphane Brosse et Lionel Bonnel en 21h11min, de l’Eglise de Cham à l’Eglise de Zermatt… sans taxi.

Plus modestement, le graphique ci-dessous donne le profil de notre parcours à nous. Deux précisions utiles:

- en abscisse il s’agit du temps et non de la distance, donc la pente de la courbe donne une info sur la vitesse de montée ou de descente mais pas sur le terrain.

- ce sont les données enregistrées par mon altimètre, il peut donc y avoir des petites différences par rapport à la réalité (dans tous les billets précédents, j’ai indiqué les altitudes relevées sur les cartes).

Pour ceux qui souhaitent triturer les chiffres, le petit lien bleu en dessous permet de charger le fichier excell contenant toutes les données enregistrées par ma montre.

ChamZermattData 

Voila, voila, il est donc temps de conclure, tout d’abord en remerciant le guide pour cette belle semaine, optimisée grâce à son expertise et son professionnalisme… et puis toute l’équipe qui a bien assuré à la montée comme à la descente, même dans les situations un peu plus délicates.

En ce qui me concerne je ne pouvais pas rêver plus belle conclusion à cette saison historique sur le plan des performances. En particulier, la descente sur Zermatt le tout dernier jour restera dans les annales.

J’en profite, comme chaque année, pour remercier tous mes partenaires de ski de cette saison  ainsi que les quelques lecteurs non-skieurs… et je vous donne rendez-vous à l’année prochaine, dès que les conditions le permettrons. D’ici là, gardez la forme car pour battre le nouveau record il va maintenant me falloir une équipe de costauds… j’en ai encore vu (photo) qui se laissaient un peu aller alors que la neige n’a même pas fondu, ça ne pourra pas dûrer !!!

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Départ: 06h00 – Cabane des Vignettes (3160m)

- Col de l’Evêque @ 07h35 (3395m)

- Col du Mont Brulé @ 09h12 (3213m)

- Col de Valpelline @ 11h10 (3557m)

Arrivée: 13h39 – Furi (Téléphérique)(1867m)

Montée: 1165m @ 300m/h

Descente: 2435 @ 900m/h

Météo: Très grand beau, doux

Carte: Swisstopo n°1347 “Matterhorn” + n°1348 “Zermatt”

Pour ceux qui ont suivi, en arrivant le soir précédent “aux Vignettes” nous nous sommes recalés sur le plan initial. A partir de là Jo avait alors prévu deux possibilités: filer directement à Zermatt et terminer en cinq jours, ou monter au spectaculaire et aérien refuge “Bertol” et rentrer le lendemain (6e jour – voir carte).

Une fois de plus c’est la météo qui décide: le grand beau est garanti pour Jeudi 7 Mai et incertain dès la mi-journée le Vendredi 8. Mieux vaut donc s’assurer la belle descente sur Zermatt sous le soleil: nous rentrons !!!

Il y a du monde dans la cabane aujourd’hui, Jo met donc un peu la pression (excusez ce jeu de mot lamentable) pour que nous décollions les premiers. A 6h00, tout le monde est au rendez-vous… alors que le petit déj. incitait plutôt à trainer (crêpes + nutella).

Nous commençons par une descente en direction du glacier d’Otemma et du col de Charmotane. Le levé du jour est splendide.

La première ascension, au col de l’Evêque, est plutôt cool. Il fait frais, le vent s’est calmé, on est pas mal.

Derrière le col de l’Evêque (3395m), nous descendons en direction du Haut-glacier d’Arolla en contournant “la Vièrge” (3232m) pour finir au pied du Mont Brulé (sommet à 3538m). La neige est soufflée et compacte mais agréable à skier.

Nous remontons alors quasiment à plat tout au fond de ce glacier, jusqu’à nous heurter à un mur (45° env.) qu’il faut grimper pour accéder au col du Mont Brulé.

Nous mettons les skis sur le dos mais les crampons sont inutiles car il y des marches bien marquées. La neige porte bien, ça passe sans “châler” (terme suisse pour dire “s’enfoncer jusqu’à la taille”). Lorsque la neige est plus molle, il est possible de monter à ski moyennant 28 conversions.

Du col on voit déjà la Dent d’Herens (4171m, tout à droite sur la photo) mais pas encore le Cervin.

Vient alors une courte descente (en fait une longue trace directe) vers le Haut-glacier de Tsa de Tsan (Le toponyme dérive du mot patois Tsa, indiquant le dernier alpage avant la limite des glacier, dans notre cas il indique le « dernier des derniers »: j’ai jugé cette précision utile pour ceux qui se mettaient déjà à imaginer un éventuel rapport avec un empereur chinois de je ne sais quelle dynastie). Puis c’est notre toute dernière ascension jusqu’au troisième col du jour: le col de Valpelline (3557m). C’est long mais très régulier et facile.

Là, enfin, le Cervin apparaît dans toute sa splendeur entouré de tous les “4000” du secteur (sauf le Mont-Rose, masqué).  Toutes les conditions sont réunies pour une descente d’anthologie.

La neige est bien entendu un peu soufflée sur le haut mais bonne à skier. Plus bas c’est transformé mais nous passons  pil poil à la bonne heure, au moment où elle revient doucement sous le soleil… un régal. D’après Jo, les conditions sont exceptionnelles cette année car les grosses crevasses sont comblées. Habituellement il faut les éviter en tirant loin à gauche, aujourd’hui nous prenons une ligne presque directe.

Face à nous c’est d’abord le versant Est du Cervin et l’arrête de Zmutt (à gauche).

Plus bas nous passons au pied de la face Nord (avec l’arrête du Hörnli à gauche). Le sommet, où j’étais avec Titus le 6 Août 2007, nous domine de plus de 2000m.

Après 1700m de descente et seulement quelques mètres à pieds, nous atteignons le téléphérique de Furi qui nous amène à Zermatt.

Départ: 06h45 – Cabane des Dix (2928m)

- La Serpentine @ 09h30 (3600m)

- Col du Brenay @ 09h45(3635m)

- Pigne d’Arolla @ 10h16 (3790m)

Arrivée: 11h06 – Cabane des Vignettes (3160m)

Montée: 967m @ 310m/h

Descente: 749 @1280m/h

Météo: Grand beau, vent, frais

Carte: Swisstopo n°1346 “Chanrion”

Le couché de soleil d’hier soir (photo ci-contre qui indique en plus où nous allons monter aujourd’hui) et les prévisions météo nous avaient rassurés mais le ciel est nuageux et les sommet bien accrochés lorsque nous nous levons vers 5h30. Quelques coins de ciel bleu permettent toutefois d’espérer.

Nous partons vers 6h45 en commençant par une petite descente en direction du glacier de Cheilon, en contrebas de la cabane. Il y a quelques années c’était d’après Jo un immense plat mais maintenant, avec le retrait d’une grosse partie de la glace, des creux se sont formés. Nous mettons les peaux et attaquons la montée au pied du Mont-Blanc de Cheilon (3869m) qui se dégage peu à peu, puis totalement. Nous assistons à une chute de séracs partis depuis la crête sommitale: très impressionnant.

Après quelques pentes plus raides, nous arrivons sur un plateau glaciaire qui nous conduit vers le passage de la “Serpentine”.

Il s’agit d’une grande traversée dans un dévers assez raide, exposée à la chute de séracs et surplombant de grosses crevasses… grâce à la bonne couche neigeuse ce sera sans soucis, mais lorsque c’est en glace cela  peut être beaucoup plus délicat.

Le ciel est maintenant totalement dégagé et certains sommets mythiques du Valais commencent à apparaître. Le vent souffle fort et il fait froid… bref tout est là pour créer une belle ambiance “haute-montagne” comme on les aime.

Après la Serpentine, nous traversons le col du Brenay (3635m) puis nous montons encore de quelques dizaines de mètres jusqu’au Pigne d’Arolla (3790m). C’est le point culminant de la Haute Route. La vue dégagée est fabuleuse.

Puis c’est la descente vers la cabane des Vignettes: la neige est dure et soufflée en haut puis plus souple mais assez compactée un peu plus bas.

Le point le plus chaud se situe juste avant d’arriver à la cabane. C’est une pente qui prend le soleil dès le matin et qui a déjà bien chauffé malgré notre timing efficace (il n’est que 11h00). Quelques séracs menacent également.

La cabane des Vignettes est une merveille entièrement rénovée très récemment, c’est génial. Tout le confort est là (bien que les douches ne fonctionnent pas en hiver, par manque d’eau) et l’accueil est jovial et chaleureux. Pour couronner  le tout, vue l’heure idéale, nous commandons un (petit) “rösti”… qui se révèle être, tout simplement, le meilleur du monde. En tant que président du comité international des skieurs/alpinistes gastronomes, je suis formel.

Enfin, un détail que j’allais presque oublier: c’était là mon 60e jour de ski cette saison !!!

Départ: 04h52 – Cabane du Mont Fort (2457m)

- Col de la Chaux @ 06h19 (2940m)

- Col de Momin @ 07h29 (3000m)

- Rosablanche @ 08h48 (3336m)

- La Barma @ 11h15 (2458m) (un peu au dessus en fait)

- Pas du Chat @ 12h06 (2385m)

Arrivée: 14h23 – Cabane des Dix (2928m)

Montée: 1763m @ 290m/h

Descente: 1324 @560m/h

Météo: Grand beau puis voilé et  couvert, très doux

Carte: Swisstopo n°1326 “Rosablanche” + n°1346 “Chanrion”

Attention, c’est la grosse journée de la semaine. A condition que le temps le permette, Jo a prévu de faire deux étapes en une. En principe les randonneurs se rendent depuis la cabane du Mont Fort à la cabane de Prafleuri puis à la cabane des Dix le lendemain. En allant directement “aux Dix” il s’agit d’être plus flexible en cas d’instabilités météo en fin de semaine (ce qui semble annoncé).

Nous devions nous lever à 4h30 et décider en fonction du ciel. Mais peu avant 4h00, Jo est réveillé par deux gars encore plus matinaux que nous. Cela aura son importance par la suite. En tous cas il fait grand beau, les étoiles brillent et le regel nocturne s’est bien produit… nous sommes donc tirés du lit un peu plus tôt que prévu.

Avant 5h00 nous nous mettons en route, à la frontale, en direction du Col de la Chaux. Il fait frais, ce qui est très agréable dans l’effort, en moins d’une heure et demi nous y sommes.

Nous glissons de l’autre côté jusqu’à 2700m environ puis “rempotons” en direction de notre premier objectif de la journée: Rosablanche (3336m) via le col de Momin (env. 3000m).

Au cour de la montée, on peut admirer le levé de soleil sur le Grand Combin (4314m) et plus loin le massif du Mont-Blanc où l’on repère facilement le col du Chardonnet d’où nous venons.

Malheureusement, le ciel se voile, devient laiteux puis se couvre totalement avant que nous n’atteignions le sommet (en déchaussant pour les tous derniers mètres).

Toutefois, cela ne remet pas en cause notre deuxième objectif: la cabane des Dix. Pour cela nous devons descendre un couloir pour rejoindre le glacier du Mourti puis le lieu dit “La Barma” (2458m). Mais problème: Jo tente plusieurs solutions et aucune ne semble nous permettre de passer (trop raides et/ou trop étroites). Au passage on se fait tout de même quelques mètres de descente dans une super petite couche de poudreuse. Par contre il faut rapidement remonter pour chercher un passage… et rien ne convient.

La solution viendra grâce aux deux gars partis avant nous. Du sommet de Rosablanche, nous les avons vu descendre à pieds sur l’arrête qui file vers le Sud. Plus bas on aperçoit leurs traces à ski sur la glacier du Mourti… cela veut donc dire que ça passe.

Effectivement ça passe sans trop de difficultés si ce n’est un couloir un peu raide mais suffisamment court pour que l’on puisse s’aider d’un corde.

Jusqu’à La Barma c’est alors une superbe descente dans une belle poudre et avec une visi assez acceptable finalement.

Il est important de noter à ce stade que c’est sur cette pente, précisément, que j’ai franchi la barre historique des 400.000m de dénivelée en descente et en une saison.

J’aurais volontier sabrer le Champagne mais ce n’est pas le moment de s’attarder car nous devons faire une très longue traversée (env. 3km) dans les pentes qui surplombent le lac des Dix et qui deviennent mauvaises lorsque l’on avance dans la journée… or, nous avons pris un peu de retard (bien que le temps maussade joue en notre faveur). Jo préconise de ne pas s’arrêter avant le passage du “Pas du Chat”.

Cette dernière difficulté passée, nous attaquons les 600m qui restent jusqu’à la cabane des Dix. L’atmosphère est lourde, c’est assez désagréable et tout le monde en bave un peu (moi ça m’a rappelé une difficile montée au refuge des Ecrins en 2003). C’est sans doute plus avec la tête qu’avec les jambes (du moins en ce qui me concerne) que nous terminons cette journée très complète, physique, avec du bon ski, des passages techniques et des beaux paysages… après 9h30 passées en montagne. L’accueil un peu rustre du gardien des Dix sera vite oublié grâce à une bonne bière et un morceau de gâââteau. En début de soirée le ciel se dégage enfin…

Départ: 06h54 – Cabane du Trient (3170m)

- Col des Ecandies @ 07h42 (2796m)

- Arpette (Champex) @ 08h36 (1633m)

- Les Siés @ 11h00 (1774m)

Arrivée: 13h30 – Cabane du Mont Fort (2457m)

Montée: 699m @ 296m/h

Descente: 1604m @1480m/h

Météo: Couvert, brouillard, faible pluie/neige suivant altitude

Carte: Swisstopo n°1326 “Rosablanche”

Déjà quelques jours avant notre départ, la météo n’était favorable pour ce Lundi et elle avait raison: il a neigé une dizaine de centimètres dans la nuit et ça restera bien bien bouché toute la journée. Ce qui plus embêtant c’est que le retour du beau prévu dès la mi-journée semble compromis et que Mardi sera peut être encore une journée nuageuse. Or, ce soir nous devons dormir à la cabane de Valsorey et franchir demain le plateau du couloir et le col du Sonadon… mais dans le brouillard, c’est plutôt dangereux. Jo commence donc à envisager de rejoindre l’itinéraire normal, beaucoup moins exposé.

Nous commençons donc la descente dans le brouillard et sous un petit grésil. Il n’est pas facile de trouver le passage qui longe le glacier du Trient par la droite, au pied de la pointe d’Orny, pour éviter ses crevasses. On remonte ensuite au col des  Ecandies, skis sur le dos mais sans crampons.

Puis on bascule dans le Val d’Arpette. Dommage que la visibilité soit mauvaise car c’est probablement superbe. De plus la neige est relativement correcte sur le haut. En revanche plus on descend, plus c’est pourri et difficile à skier.

Au chalet d’Arpette, on prend un taxi qui nous descend dans la vallée en passant par la petite et séduisante station de Champex. Après un rapide et habile sondage auprès du chauffeur (jeune ancien guide et skieur extrême reconverti), il s’avère que la météo des prochains jours est toujours incertaine… Jo renonce donc définitivement à l’option “Valsorey” et nous prenons la direction de la cabane du Mont Fort.

Le taxi nous remonte sur le versant de Verbier, jusqu’au lieu dit “Les Siés”, d’où nous rejoignons la cabane en plein brouillard (on rechaussera les skis vers 1900m). La proximité de la station (les remontées mécaniques ne sont qu’à quelques centaines de mètres) a du bon: la cabane est nickel, toute rénovée, eau chaude, douches, etc…

Par définition, à cause du nécessaire transfert en taxi, cette journée était un peu vouée à être une journée de transition. Si nous devions avoir un jour de mauvais temps, mieux valait donc que ce soit aujourd’hui… mais cela aurait été différent si nous avions pu faire la grande descente de 1600m par beau temps.

Départ: 09h33 – Col des Grands Montets (3233m)

- Col du Chardonnet @ 12h46 (3323m)

- Fenêtre de Saleina @ 14h55 (3267m)

Arrivée: 15h57 – Cabane du Trient (3170m)

Montée: 1088m @ 310m/h

Descente: 1148m @940m/h

Météo: Grand beau, chaud, cumulus accrochés en altitude en milieu d’après-midi

Carte: IGN Top25 n°3630 OT  “Chamonix”

Nous avions donc rendez-vous ce Dimanche 3 Mai à 08:00, à Argentière, au pied du téléphérique des Grands Montets. Il y a sans doute d’autres lieux de départ possibles, mais celui-ci est de loin le plus pratique. Ce n’est donc pas là que l’on laisse le plus de sueur… pour peu que l’on dispose d’un forfait, sinon c’est plus dur, forcément.

L’avantage est qu’en quelques minutes on est dans l’ambiance avec une vue impressionnante sur le Mont-Blanc (très massif d’ici), l’Aiguille du Midi, l’Aiguille Verte, les Drus et bon nombre d’autres sommets non moins fameux.

Côté ski, la descente en direction du glacier d’Argentière n’est pas fabuleuse ce matin là.  Mais la vue sur cet immense désert de glace, la Verte et ses couloirs de légende (Cordier, Couturier), l’Aiguille du Chardonnet, l’Aiguille d’Argentière, les Droites, les Courtes et le Mont-Dolent au loin, équilibre favorablement l’affaire.

Après la traversée du glacier, on attaque la toute première montée. La pente qui s’offre à nous est un peu raide et encore bien marquée par d’anciennes traces gelées. Il faut donc cramponner et déjà porter les skis sur le dos. On rechausse un peu plus loin lorsque la pente d’adoucie. La suite, jusqu’au col du Chardonnet, est plutôt tranquille et agréable mais il commence déjà à faire un peu chaud.

De l’autre côté: surprise !!! Premier passage “technique””: l’enneigement n’est pas suffisant pour descendre à ski. Jo nous assure alors que nous nous servons d’une corde fixe comme main courante.

Puis nous traversons le glacier en direction de la fenêtre de Saleina. C’est tranquille jusqu’à la dernière pente, bien raide elle aussi. Il faut finir à pieds.

De l’autre côté, on prend pied sur le glacier du Trient, très très large et très très plat. On descend de quelques mètres, juste au moment où vient s’accrocher un premier cumulus qui nous donne l’occasion d’évaluer à quel point il peut être difficile de s’orienter sur ce genre de plateau glaciaire. Si j’avais pris une photo, elle aurait été toute grise avec quelques ombres comme celle du Yéti dans “Tintin au Tibet”…

Heureusement, le nuage se dissipe temporairement et le refuge apparait à quelques dizaines de mètres. Plus qu’un petit ressaut à grimper et on pourra dresser le bilan de cette superbe journée, passée dans un environnement de folie, devant une petite bière.

La “Haute Route” est sans doute le raid à ski le plus célèbre et le plus prestigieux au monde. C’est peut-être parce qu’il relie les deux temples de l’alpinisme que sont Chamonix et Zermatt, et deux sommets mythiques (le Mont-Blanc et le Cervin) ? Ou alors parce que l’ouverture de son itinéraire, entre le milieu du XIXe siècle et le début du XXe, marque l’âge d’Or de la conquête des Alpes par les pionniers anglais, suisses et français ? A l’époque la seule carte qui existe est celle du Général Dufour (qui donna son nom à la Dufourspitze au Mont-Rose), personne n’a jamais traversé les Alpes dans le sens Est-Ouest, on sait peu de choses des glaciers, on n’a pas une vue précise de leur configuration et des passages possibles pour relier les vallées, il n’y a pas de refuges, pas d’hélico… en clair c’est un vrai job d’aventurier.

Je ne vais pas trop m’étendre en considérations historiques, c’est juste pour planter un peu le décor et rappeler les traces dans lesquelles on chemine lorsque l’on entreprend ce périple.

Pour les fanas, j’ai lu tout ça et beaucoup plus dans l’excellent bouquin de François Perraudin (guide et photographe) qui se trouvait dans plusieurs refuges. Le livre est en vente sur son site.

Compte tenu des forces en présence (Christelle, Michel, Hughes, Guy et moi même), Jo avait prévu de passer par ce que certains appellent la “variante alpine”, plus technique, qui contourne le Grand Combin par le Sud. Pour la petite histoire (après j’arrête), c’est par ici que sont passés les premiers pionniers avant d’ouvrir l’itinéraire qualifié aujourd’hui de “classique”:

1er Jour: Argentière >>> Cabane de Trient

2e Jour: Cabane de Trient >>> Cabane de Valsorey

3e Jour: Cabane de Valsorey >>> Cabane de Chanrion

4e Jour: Cabane de Chanrion >>> Cabane des Vignettes

5e Jour: Cabane des Vignettes >>> Cabane de Bertol

6e Jour: Cabane de Bertol >>> Zermatt

Comme je l’expliquerai dans les billets suivants, la météo a un peu perturbé ce plan et nous avons donc finalement rejoint l’itinéraire traditionnel, indiqué en gras sur la carte ci-dessous. Les variantes par Valsorey/Chanrion, Prafleuri ou Bertol sont en trait plus fin.

Pour ceux qui ne sont pas familiers de Google Map: il est possible de zoomer, dé-zoomer et de passer en vue satellite ou carte en relief, en utilisant les boutons en haut à droite et en haut à gauche. Pour obtenir les infos sur les petits jalons et les refuges, il suffit de cliquer dessus.

Afficher Chamonix-Zermatt sur une carte plus grande

Note importante: l’itinéraire tracé ici n’est là que pour donner une vue d’ensemble, il a été tracé de manière très approximative sans tenir compte des dangers inhérents au terrain montagnard. Il ne doit en aucun cas être utilisé comme référence notamment dans un appareil de navigation type GPS.